Catastrophe naturelle ^^

Je savais bien ce qu'il allait se passer.

Chaque matin, quand j'ouvre le poulailler, trop petit, un peu sombre, le sol de ciment juste sablé, pas de pondoirs (c'est dans la paille des granges), ni de litière au sol, juste du sable sur du ciment, pis, pas de nourriture à cause des rongeurs....bref juste un dortoir sécurisé... les cocottes et les ti-gars s'impatientent derrière, puis quand j'ouvre, ça sort en courant au sprint toute la grande cour avec des grandes exclamations surexcitées de gamins lâchés en récré.
Ca démarre, AKOUÂKOUA KOUAKOUAKOUA  ! et ça court !



J'ai un peu de neige presque chaque année, quelques heures, quelques jours, les grandes années je peux skier sans trop frotter les cailloux. Je ne chauffe pas le poulailler, et c'est bien, ça évite le choc thermique le matin, elles n'ont pas de souci de santé, la température du dehors et du dedans s'équivalent presque. J'ai eu la surprise l'autre jeudi, le matin il y avait 1 cm de neige, la cour (qui est en herbe tondue à la tondopoule) avait passé du vert au blanc., ces jours-ci il y fait 1 degré, dedans comme dehors.
Alors je riais dans ma barbe d'avance. Je savais bien ce qu'il allait se passer. J'ai débarré la porte, ôté le pare pluie, déplacé le  battant, tiré la tôle pare-vent du bas.... ça trépignait devant la porte.
Ca a démarré AKOUAkouakouakou ...Hou... Quoi.

Les plus téméraires se sont trouvées trois pauvres mètres plus loin, effarouchées comme des petits enfants devant les vaguelettes du rivage, sautant, battant des ailes, bien que ce ne soit pas une race volante, pour faire de grands bonds afin de toucher le moins possible ce truc inhabituel, certes pas plus froid que le sol, mais pas de la bonne couleur, voyez-vous... la vague de poules, sitôt sortie,  refluant vers la porte avec exclamations nerveuses à chaque saut, puis s'arrêtant penaude ; les autres encore dedans ou au pas de la porte, regardant.Je me retenais de rire. Les téméraires revenues sur leur pas prudemment, ça s'est consulté. En silence.
Y avait un truc louche. Les autres scrutaient ça. Ca parlait plus trop. Un truc blanc, là... partout...dans la cour. Suspect.
Elles sont sorties progressivement, en restant aux abords du poulailler : sortir, fallait bien car je remplis et place les mangeoires dans la cour, mais ça s'est vite réfugé sous les hangars, sur les tas de buches ou de paille ; en fin de journée d'ailleurs il n'y avait plus de neige, mais tout le monde dehors comme d'habitude, remis de ses émotions. Sacré jeudi.

Dimanche matin, neigeait. Neigeait bien, "à gros flacons". J'ai paressé le temps que ça se calme un peu, mais ça neigeait encore à 11 heures ; suis allée les libérer. Je savais bien ce qui se passerait.
En fait non. Pas de AKOUakoua et de course ravalée.
Le truc blanc était revenu ; encore plus blanc. Consternation.
Et il prenait toute la cour.   "Y a du blanc à la place. Si ça se trouve... y a même plus de cour...Moi je dis...vaut mieux rester. C'est plus prudent. On sait pas c'qui s'passe." Silence.



J'ai eu pitié, je leur ai fait le room-service, j'ai apporté la nourriture dans le poulailler, et l'eau, puis un supplément de tournesol.
Dans la cour, il n'y avait que mes empreintes le soir, la neige à peine amollie. Elles et ils n'ont pas bougé de là de la journée. Des réfugiés climatiques.


Et même, devant la gravité de la circonstance, ce jour-là... les coqs n'ont pas chanté.

Merci pour cette petite histoire !!! Je pense que bcp se retrouvent dans ce que tu nous racontes !!!
C'est aussi vrai pour d'autres animaux...

Oui Micarel, toi avec les biquettes, tu ne dois pas manquer d'histoires amusantes ?

Bonjour Keskékos. Vous nous rejoignez de chez vous "Entre la chaise et le clavier", dites-vous. Il faut plus que de l'imagination pour savoir où vous élevez vos poules. La venue des neiges qui inquiète vos oiseaux et que vous nous racontez si plaisamment, nous la vivons au Québec chaque année vers novembre (cette année un peu plus tard vu la relative douceur de notre hiver, au moins à ses débuts). Plaignez-nous, ou plaigniez nos poules, nous subissons ses affres pendant au moins cinq mois, cinq mois où la vie se complique pas mal dans nos poulaillers-maisons. Effectivement les poules renoncent à leur promenade de santé. Il faut chauffer les abris mais changer l'air quand-même, jouer avec les trappes d'aération pour éviter que les rats ou autre belette et saloperie difficilement effarouchable ne rentrent semer la pagaille, contrer les effets de la neige et du gel qui figent l'humidité ambiante, bloquent les portes, gènent la fermeture des fenêtres. Bien les lampes chauffantes de 175 W. mais quand il fait en bas de -20 avec de grands vents comme il vient de faire chez nous, l'eau des abreuvoirs gèle quand même. On rajoute du chauffage, qui rajoute de l'humidité, qui rajoute du gel aux ouvertures, qui finira par gonfler le bois aux redoux des montants de portes et de fenêtres, compliquant leur fermeture et affectant l'isolation des poulaillers. Un vrai cercle vicieux. Bref c'est une lutte continuelle.
Nous compatissons avec vous mais ne vous plaindrons pas trop, ni vous ni vos poules, ô créatures heureuses des régions tempérées.
Avec nos amitiés
Le Granlou (ben frette)

Super et merci pour vos morceaux de quotidien Kes et Le Granlou. Nous avons l'impression d'y être

Avoir des animaux nous donne beaucoup de travail mais ces petits moments-là nous rendent si heureux qu'on oublie les moins drôles et on continue chaque jour à prendre soin de nos petits amours. J'ai adoré vous lire, merci!

Jolis récits ! merci à vous deux !

J'adore voir les animaux surpris par un changement d'environnement, c'est souvent cocasse !

Tout récemment, j'ai installé un bout de tôle plié en arrondi pour faire un abri dans lequel je met quelques noix pour mon ami l'écureuil.

J'étais en train de boire tranquillement mon café lorsque j'ai entendu un bruit de grattement sur la ferraille, hé ben ! c'était lui assis sur l'abri qui mangeait une noix !

Je l'ai espionné discrètement, il a fait trois fois son manège

Concernant la neige, c'est le chat qui la voyant traverse la maison pour sortir par l'autre porte, et là : 'zut de zut et re-zut c'est pareil ici' dit-elle avec de grands yeux plein de reproches

Oui le Granlou, je savais que ce sujet amuserait les cousins Québécois ! pour la localisation, c'est pas bien difficile, je suis dans ton ordinateur mouhahahah !
Pis pas à trop d'heures de routes de Laval (le fût du canon, hein...hihi) . Mais de l'autre côté de la grande mare. Bon j'vas être bin fine : dans le nord ouest de la France. Assez doux et tempéré rapporté au dedans des terres, ou au Nord l'hiver, ou au Sud l'été.

Ce qui me frappe, c'est que (parfois) les poules québécoises semblent mieux chauffées que les françaises ; en effet il m'est arrivé sur le forum de lire des Québécois, il semble que certains tiennent leur poulailler vers 15°C (e dis "des", hein, pas tout le monde...ryoaume de la Chantecler tout de même !), ou au moins 5° (ça doit être la marge de sécurité pour le hors gel, là, d'après ce que tu me dis). Bon je sais bien que ça rigole pas hein
https://coop-la-basse-cour.forumactif.com/t15138-ont-va-pas-dehors-trop-froid
Par ici, même les débutants, on ne s'inquiète un peu que vers les 1° ou 2°C (pour l'eau en effet). Les montagnards des Alpes, Auvergne ou Pyrénées, en élevage amateur, ne chauffent pas, ni les Suisses peut-être ( ?... tient ça fait un ti-bout qu'on a pas entendu Flo ! pourrait nous en dire plus), pourtant il y a là bas des moins 15° moins 20° assez banalement.

Peut-être une impression fausse aussi, mais j'ai l'impression que l'hiver les humains aussi ont des T° plus élevées, dans les 20-22°C ;en intérieur ici c'est souvent 15°20° dans les maisons (et les urbains 18-22°). Faut sans doute bien ça pour se réchauffer.



Pour moi, ça ne compte pas, je suis frileuse... d'une façon qui n'aime pas les variation de t°. Aussi depuis que je chauffe peu, je suis en meilleures santé ; actuellement j'ai 10°-12° dans la maison, c'est un peu frais mais ça va (avec une belle chemise rembourrée).
D'année en année c'est devenu plus facile, cette année il n'y a pas même eu d'effort : j'ai regardé la T° seulement le jour où j'ai eu envie de chauffer la première fois : 13°. Avant c'était 15. Et il y a quelques années 18.  La baisse progressive est déterminante, en fait.
Du coup à la première neige j'étais toute surprise...je me croyais encore au moins 5-6 degrés plus haut.

Ahhh, les jolies histoires de chat ! on croirait du Colette !