Faisons un petit tour de moto jusqu'à Natashquan!

Oui le goût est spécial, comme la couleur de la viande qui est très foncée. La mère d'Adrien Monger me disait qu'ils doivent vite le saigner après l'abattage et qu'elle-même le cuit en jetant trois eaux en début de cuisson afin d'éliminer un maximum de sang sinon la viande ressemble davantage à du boudin qu'à de la viande.
Oui, et ils ne mangent pas que les œufs d'Eider, ils mangent également les œufs de goélands.

Lorsque j'ai passé 2 mois à Aguanish, la route venait d'ouvrir l'automne précédent.

Donc, les gens étaient habitués à vivre en petites communautés de 200 ou moins et donc de se connaître tous (pour ne pas dire, tous parents).

Jamais personne n'avait barré la porte de sa maison.

J'ai ramassé des coques à marée basse.

J'ai rencontré un "local" qui me disait avoir vu un ours autour de leurs chalets. Je lui ai dit candidement que les agents de la faune étaient venir régler cela...

Le lendemain, les "locaux" avaient réglé le cas.

J'ai alors compris, moi le citadin, qu'avant l'arrivée de la route, on règlait les problèmes soi-même.

Je dois dire qu'étant en campagne profonde depuis 20 ans. on va aussi règler nos problèmes nous-mêmes...

Quand je regarde maintenant les réactions des "gens de la ville", je les trouve débille... complètement déconnecté de la réalité.

Exactement Serge. Ils ne s'embarrassaient guère des règlements de la chasse et de la pêche. Ils prenaient ce dont ils avaient besoin, quand ils en avaient besoin sans se casser les couilles mais sans jamais exagérer non plus. Faut pas oublier qu'il n'y a aucune vache, aucun poulet en fait aucun élevage nulle part sur la Basse Côte. Je me souviens avoir commandé une tarte comme dessert à Natashquan et demandé de la crème. Le serveuse à levé un sourcil étonné, est partie en cuisine et m'a rapporté ma tarte couverte d'un liquide blanc. C'était du lait condensé Carnation. Devant ma surprise, elle me dit: On a pas de crème ici, on utilise le Carnation à la place. Mais leur vie est beaucoup moins emmerdée par les documents pondus par les fonctionnaires. Il y a un problème, ils le règlent et pis c'est tout.
Par contre, lorsque j'étais chez Théodore Monger à Tête-à-la Baleine, un moment donné, Théodore est appelé chez son père, la maison voisine juste en dessous. Le vieux monsieur toussait le sang. Théodore est revenu et m'a dit: Ça fait un bout de temps que ça dure, il va mourir de ça. Mais on a pas de doc ici, seulement un dispensaire et une infirmière. Elle ne peut rien faire pour le guérir et mon père ne veut rien savoir de sortir du village pour être soigné. On n'y peut rien. Il veut mourir ici, dans sa maison. C'était aussi ça à l'époque…..malgré les héliports.
Jamais ils ne mangeaient de viande fraîche non plus si ce n'était pas eux-mêmes qui l'avait abattu. Le boeuf leur arrivait par bateau et le trajet prend plusieurs jours comme tu sais, donc toujours des aliments congelés ou en conserve. Alors ils ne lésinaient pas sur l'orignal ou le phoque.

Wahouuuuuu !!!!!!!!!!!!!!!!!

Et on parle de seulement 25 ans en arrière environ.

Il y avait alors 2 Québec... le centre du Québec et les endroits reculés.

En fait Serge, nous pouvons toujours parler de 2 Québec je crois. Le Québec blanc et le Québec autochtone. Par Québec autochtone, j'entend ceux qui vivent toujours dans les réserves du nord, hors de tous les sentiers battus. Mais, c'est diablement délicat car c'est aussi leurs choix à eux que d'essayer de maintenir les cultures et coutumes anciennes. Aussi, quoi qu'on en dise, je pense que plusieurs ont pris goût à l'oisiveté que permet le chèque mensuel d'assistance sociale qu'ils reçoivent. Bref….la solution n'est pas simple.