Un peu d'Ignace?

Alors Ignace, nord-ouest de l'Ontario, tout près de la frontière avec le Manitoba.

Endroit isolé, au milieu de nulle part mais heureusement, situé sur l'autoroute Transcanadienne ce qui permet d'au moins, voir passer du trafic est-ouest et inverse. Tout le trafic des lourds fardiers transportant les biens importés d'Asie et arrivant par le port de Vancouver, de même que les biens à destination de l'Asie et provenant du Québec passent donc au cœur du village. Que ce soit par camion ou par train d'ailleurs, les deux moyens de transports y ont leurs voies respectives.  La circulation automobile est donc importante....malgré l'insignifiance de la place.

Encastré en plein Bouclier Canadien, dans le roc et le gravier glaciaire, mais sur la frange ouest du Bouclier. Alors que plus au cœur de ce Bouclier, c'est très montagneux, ici, ne reste que de faibles ondulations. Que de petites collines douces ne permettant pas de vue avec perspective. Notre regard, où qu'il se pose bute contre la forêt, dans toutes les directions. Celle-ci nous avale littéralement.

Village nordique, né de l'exploitation forestière et minière, il a déjà compté autour de 3500 habitants dans ses beaux jours. C'est aussi un village grandi dans l'urgence car l'exploitation minière n'attend pas. Faut de la main-d'œuvre et vite. Pas trop de temps pour les ouvriers d'en consacrer au confort de leur famille. Pas beaucoup de temps pour construire des maisons, en plus qu'une mine....c'est temporaire. Beaucoup de maisons mobiles et de sectionnelles sont donc installées au village. Tout un quartier leur est réservé. Cependant, entre l'arrivée de ces maisons mobiles au village et la mienne, de nombreuses années se sont écoulées. La mine tout autant que l'exploitation forestière sont fermées. Des 3500 habitants, n'en reste qu'autour de 1000 à 1200. Des tas de maisons sont devenues à vendre pour le 10 ième d'une bouchée de pain, sans succès. À mon arrivée, on m'en offrait une pour 12,000$, le 1/3 du prix d'une voiture.  Or les années sont un ennemi mortel pour les maisons mobiles pas trop bien entretenues. La moisissure s'est emparée de beaucoup de ces maisons à l'abandon. Cependant, depuis une couple d'année, la municipalité met ses machines et ses employés à l'assainissement. Ils démolissent, chargent et éliminent au dépotoir beaucoup de ces vieilleries. Ça crée des trous parfois assez importants dans l'occupation du sol mais au moins, ça nous délivre d'un spectacle assez navrant. Plusieurs vieilles maisons sur mon bout de rue ont subi ce sort.

Ceci étant dit, je me suis baladé hier afin de tenter de vous présenter en image ce qu'Ignace est maintenant en mettant davantage l'accent sur le positif et en laissant de côté le moins beau.

C'est parti si l'hébergeur le veut bien!

Presque tout de suite en sortant de la maison, juste en bout de rue, je vois ceci:
Le terrain derrière la clôture, c'est le terrain de soccer. Gabriel aura probablement le temps d'y jouer cette année avant notre départ pour le Québec. Plus loin, le bâtiment en long, l'école française. La partie plus haute est le gymnase. Voisin...c'est le garage municipal. Juste en face de l'école et du garage, tout contre la rue, le lac Lilly Pad. Le cœur du village se trouve derrière les arbres qui sont derrière l'école et le garage. Par contre, les arbres sur la gauche de la photo eux, sont le début de la forêt....presque vierge....si elle n'avait déjà été toute coupée pour les besoins de l'industrie forestière. Là, ce qui reste, c'est la repousse. Le bâtiment blanc sur la droite de l'image est abandonné au moins depuis mon arrivée ici soit 10 ans. C'était à l'époque la salle qui accueillait les patineurs congelés car la patinoire était tout à côté et extérieure. Donc les pieds congelés étaient fréquent. Nous avons maintenant un grand centre sportif intérieur qui abrite aréna, centre de musculation, salle de tir à l'arc, salle de quilles, petit restaurant etc.

Zoom sur l'école française et le garage municipal. Le drapeau canadien flotte au sommet du mat à l'école, dessous, le vert, est le drapeau franco-ontarien.


On continue sur la même rue (qui se nomme Pine) sans tourner vers l'école, je dépasse quelque peu le dépanneur et tout de suite j'ai à ma droite le second petit lac au cœur du village. C'est Davy lake. La plupart des belles résidences du village sont construites sur ses berges immédiates.


Toujours Davy lake. Tout au fond, là où vous ne voyez plus de maison mais du gazon tout de même, c'est un terrain de camping. Le lac se poursuit plus loin car en forme de L mais il n'est pas grand.


Les maisons de meilleurs aspect sont ici.

On poursuit sur Pine street pour arriver à la petite rivière Aguimak, décharge du troisième et plus grand lac du village, sur les rives duquel le village fut contruit. Les enfants du village pêchent parfois cette rivière pour y prendre dorés, achigans et brochets qui peuplent le lac lui-même.
Derrière la rivière on voit une autre bâtisse en long. C'est aussi une construction sectionnelle d'assez piètre qualité qui abrite plusieurs services gouvernementaux ainsi que la Nursery School que fréquente Gabriel depuis une couple d'années.


On se retourne, voici la suite de la petite rivière Aguimak qui se dirige allègrement hors du village afin de retrouver son calme et sa quiétude, loin des embarrassants humains.

Voici la Nursery School, soit les deux dernières portes du fond. Anexé le petit parc d'amusement pour les enfants. La Nursery fourni un autre service. Elle possède une étonnante variété et quantité de jouets de toutes sortes, du casse-tête au garage pour mécanicien en herbe, des bicyclettes et casques protecteurs aux maisons de poupées et Barbies et Ken, aux livres de lecture en bandes dessinées etc etc. Or tout ça peut être emprunté tout a fait gratuitement par quiconque a des enfants. Nous l'avions fait pour la bicyclette, incertains de l'habileté physique suffisante de Gabriel, l'an dernier. Ça nous a permis d'attendre à cette année pour l'achat, il n'y arrivait pas à 3 ans. Bref...pour les gens à faible revenus, c'est super. Ils peuvent varier presque à l'infini les jouets de leurs enfants sans se ruiner.

Puis la rue Pine aboute à l'autoroute transcanadienne qui évidemment est la rue principale de village, celle de pratiquement tous les commerces. C'est ainsi qu'on retrouve ce vieux gaillard sur le terrain de stationnement du petit centre commercial du village. Le village et ses alentours étant abondamment pourvu en pourvoyeurs de chasse et pêche, une entreprise locale d'hydravions se charge du transport de tous ces amateurs de pêche qui hantent le village tout l'été. Les alentours d'Ignace n'étant que forêt, lacs innombrables et rivières, le poisson abonde. Les gens viennent de partout prendre des trophées. Cet hydravion ayant bien accompli sa mission et ayant atteint l'âge de la retraite, il fait une bonne pub pour l'ensemble du village. Il fut un temps où le bassin rocheux où se trouve ses flotteurs était rempli d'eau! Doit y avoir une fuite!

Le petit centre commercial que la presque mort du village laisse langue pendante et bien près de l'agonie lui-même. Tout au fond, heureusement, un commerce qui se porte assez bien, la LCBO soit la Commission des Liqueurs Ontarienne. Pour TOUT achat d'alcool, incluant bière, vins et spiritueux, on doit en passer par là! Pas de bière ni vins dans les épiceries comme au Québec. Tout le reste de ce côté, même si les affiches de commerces y sont toujours est vide. Pareil pour la grosse partie derrière l'avion, vide. Le centre est mieux occupé par une crédit Union (genre de caisse populaire), suivi de mon restaurant chinois pas trop mal, un autre local inoccupé et enfin, ma banque CIBC. C'est tout!


Directement face au centre commercial, mon poste d'essence et à même, le restaurant Wafare. Le meilleur endroit pour le petit déjeuner. Là, ils savent cuire un (enfin trois pour moi) œuf correctement et pas ailleurs! Proprios Italiens. Le terrain de stationnement du centre commercial à l'avant plan est encore encombré de sable étendu par mon pote René cet hiver. Assez dégueu je dois dire, mais c'est l'endroit où toute la neige de l'hiver est poussée alors c'est une montagne qui s'y accumule!
Ahhhhh.....au fait, je chasse le lièvre juste dans la forêt que vous voyez derrière le poste d'essence. Pas besoin d'aller loin lorsque vous vivez carrément en forêt!

Ici, c'est notre mairie donc un édifice municipal. On voyait beau du temps des 3500 habitants, c'est plus difficile sur les taxes depuis qu'il ne reste en tout que 1200 habitant, hommes, femmes et enfants pour payer ça!
Dans le truc, il y a la mairie, mais aussi la bibliothèque municipale ainsi qu'un poste d'information touristique. La bâtisse est ma foi assez jolie dans son écrin de verdure.

:super:  sympa, ton reportage !

On ne peut parler d'Ignace sans ça! Sur la route qui longe le lac Aguimak et où de nombreuses et belles résidences style chalets sont érigées, un large terrain est propriété d'Ignace Airway. C'est d'ici que provient notre avion retraité mais d'autres demeurent à l'œuvre. Ici un bon gros Otter, avion de brousse par excellence.


Je suis arrivé sur les lieux juste au bon moment, soit pile à l'amerrissage de leur Beaver qui revenait de récupérer les réservoirs vides de propane dans les différents camps disséminés sur les lacs des alentours. Il touche l'eau à l'instant!


Le déchargement va débuter!


On continue sur le même chemin longeant le lac Aguimak, soit un retour sur nos pas en parallèle avec Pine Street vu tout à l'heure et arrivé à la hauteur de l'école française dont le rue qui passe devant conduit pile ici, voici l'une de nos deux plages, celle-ci est Aguimak Beach! Je signale qu'il y a deux baigneuses que l'on voit dans le lac. Une tête, celle de Genna et debout, sa copine.


La glace vient tout juste de quitter le lac, j'ai comme la vague impression que l'eau ne doit pas être spécialement chaude! Pourtant, ces saprées filles se sont baignées un bon bout de temps.


Je mentionnais la faible profondeur des lacs. En exemple sur cette photo-ci, au loin, sur le lac, c'est une île. Or, tous les enfants de plus d'un mètre 20, 25, se rendent à pied sur cette île à partir de la grève!

Merci Jean-Marie. C'était pour vous donner une idée!

Bien sûr, pas question pour monsieur de laisser filer une occasion de se tremper les pattes!


Les aménagements qui agrémentent la vie sur la plage. Sous la structure munie d'un toit, un BBQ ou gril est à la disposition de tous. Suffit d'y apporter son charbon de bois si on veut pique-niquer.

My god! C'est pas moi qui irait dans l'eau à cette température.  ;desaccocd    

Merci pour la balade
C'est isolé du reste du monde, mais ça fait un village qui me parait bien agréable à vivre

Quelle belle présentation!  J'adore la nursery et ses prêts de jouets.  En entendre parler comme tu le fais si bien, on a presque envie d'y aller.

Merci Pierre pour cette présentation , cela nous fait voyager . :super: 

Pierre, c'est vraiment du gâchis que tu n'écrives pas. Pour de vrai. Je veux dire ailleurs que dans le sable du forum. En fait j'espère que tu le fais même si ça reste entre toi et toi et qu'au moins tes enfants pourront lire tout ça... entre ton esprit truculent et ta fine sensibilité tout prend vie. Ton entrée en matière, c'est un vrai bout de littérature, quelque chose de poignant qui nous faire rebondir entre des lignes impitoyablement enchaînées pour dire que … Et voilà qu'au moment où on se sent perdus,, pris entre le defilement des oublieux poids-lourds et le front sombre d'une forêt, un avion à terre, à mille milles de toute terre réellement habitée et particutlièrement du Lac-St-Jean voilà, que tu nous dessine un petit prince et de jolies baigneuses, des kilomètres carrés de liberté giboyeuse, et autant d'étendues cristallines et poissonneuses où affluent, quand ils le peuvent les citadins les moins malheureux qui n'ont d'autre clapotis d'ordinaire que celui des gouttières et des bassins à jets d'eau des parcs cernés de béton.



Te voilà donc le promoteur désenchanté d'Ignace, et le bourdon d'un violon à l'arrière qui dit que le Lac st Jean lui, est si beau...et égal à toi même, bien décidé à mordre le moindre bout de bonnes choses tu ne perds pas une miette de ce qui est bon à voir, réveillant sans doute l'impossible nostalgie tous ceux qui se languissent de nature, perdus dans une banlieue sans fin où ils louent un clapier à lapin sans pourtant aucune chance d'en voir la queue d'un, et nous montrant une mairie ingénieuse qui de peu de moyens sait faire une vraie ludothèque...  Et enfin, un paradis de pêche, de chasse et de tranquillité forestière où l'on sait ne pas bouder les joies vivifiantes du dégel.

Euh Kes, que dirais-tu d'écrire toi aussi?  Avec Pierre ou seule.

Ben...pour répondre Kes...non, je n'écris pas. Sinon ici. Je n'ai rien à dire ailleurs. Petite vie plus qu'ordinaire où il ne se passe rien. Il ne me vient rien qui vaille la peine d'être raconté ou qui puisse intéresser quelqu'un. Ici, ce sont de courts (enfin, courts pour un roman savon quoi!) textes, le plus souvent simplement en appuie aux photos. Or tu as déjà vu un livre parsemé de textes en appuie à des photos? Ça n'existe pas!   

Pour mieux me situer par rapport à Ignace, disons que je ne songeais qu'à en filer lors de mon arrivée, d'autant que ce fut une arrivée TRÈS houleuse. J'ai, en fait, consacré la totalité de ma première année ici à lutter contre le directeur pédophile homosexuel (j'ignorais cependant sa pédophilie mais une infinité de choses plus qu'étranges me mettaient la puce à l'oreille, l'histoire se trouve peut-être toujours sur le forum car elle y a été) et tous les acolytes dont il s'était entouré, concierge, aide-enseignant, l'épouse du concierge qui était en charge du diner des élèves et le secrétaire. Le tout n'a trouvé sa conclusion que l'an dernier où j'ai dû me rendre témoigner au tribunal à Toronto. J'avais raison sur toute la ligne et davantage. Reste que tant et aussi longtemps que ce n'est pas ultra démontré et prouvé à 100%....ça ne se vit pas confortablement.
Donc, j'avais Ignace en horreur totale.
Sauf que ça fait maintenant 10 ans bien sonné que j'y vis. J'ai connu d'autres gens et appris à découvrir le village mais tous ses environs également. Mon opinion a largement changée. J'ai appris à bien aimer le coin et j'en apprécie la tranquillité calme. Même sa situation si isolée n'est pas pour me déplaire. Au fond....faute d'humains, il y a tout le reste et ce reste est assez agréable à regarder. Assez agréable à vivre comme dit Tranquille.

France......t'as bien raison! S'il en est une qui pourrait mettre ses propres conseils en pratique...c'est bien Kes!    

j'espère que tu y réfléchiras. Ce n'est pas donné à tout le monde de rendre intéressant ça, là où certains se contenteraient de dire 'je suis dans un trou" et de grincher, pas donné de à la place de trouver des trésors humains qui nous ramènent à l'important, et je n'ai pas oublié non plus tes épopées de pousseux d'neige, ni la carriole de foin, ni la paix des oiseaux.

Je sais rédiger, oui. Toi, tu sais écrire.

J'aimais bien quand il racontait ses souffrances, et j'attends avec impatience ta prochaine hospitalisation

  

Tranquille a écrit:

J'aimais bien quand il racontait ses souffrances, et j'attends avec impatience ta prochaine hospitalisation

  

    

Plutôt les péripéties du voyage Ignace - Lac saint Jean   

Jean-Marie a écrit:

Plutôt les péripéties du voyage Ignace - Lac saint Jean   

Ouiiiii ! :super:

   
L'hôpital, ça s'en vient Tranquille. Dimanche le 1 juin petit voyage à Winnipeg visiter le Cancer Care Centre! Mais, simple suivi de vérification pour s'assurer qu'il n'y a pas dissémination. Donc j'imagine un simple passage sous la machine genre tomographe axial, fluorisation je crois que ça se nomme. Tant que ce n'est pas l'autopsie, ça fait mon affaire!   

Nous allons partir tôt dimanche matin car il y a un grand parc d'amusement pour les enfants à Winnipeg. Nous voulons en faire profiter Gabriel!

T'as vérifié l'huile de la voiture ?