Les bûcherons n'étaient pas riches!

S'enfermer pour tout l'hiver en forêt en laissant sa famille pour des mois ne rapportait pas des fortunes......loin de la! L'époque ou les compagnies forestières ont fait de nos ancêtres ''Les nègres blancs d'Amérique!'' 4 cents et demi (je me demande bien comment ils arrivaient a couper une cents en deux!) a 10 cents du billot de 16 pieds, a la hache et au godendar, fallait en couper un paquet avant de réussir èa payer le coût de pension a 95 cents par jour. Les profits de ton boulot n'arrivaient qu'après! Méchants profits!

Bonjour, les employeurs cherchaient à séduire : du beau bois, des bons camps, du bon manger, excellentes conditions de travail ! On pourrait croire partir en vacances. Le bon manger me séduit, j'arrive. Je plaisante, j'ai déjà abattu à la hache ; c'est crevant. Mon grand-pére passait tout l'hiver à couper du bois pour assurer nos besoins ; j'ai encore les haches pendues au grenier et qui me regardent narquoisement !

Les camps de bûcherons qui fonctionnaient bien étaient ceux qui avaient une bonne nourriture.

Cette information circulait partout et influençait le choix du bûcheron.


Mon père a commencé à travailler dans les chantiers à 13 ans.

Il était le plus vieux d'une famille de 12 enfants.

Pendant ses vacances scolaires d'été, mon père avait été engagé comme commis aux camps de bûcherons sur la rivière Péribonka. Il avait deux autochtones pour l'aider a parcourir et la rivière et les bois ou oeuvraient les bûcherons, Thombell Raphael et Pierre Nattipi. Parfois se joignait Paul Natipi frère de Pierre. Ces trois autochtones se chargeaient de fournir la viande fraîche aux camps des bûcherons. Les ''beans'' étaient de presque tous les repas. Je me souviens du gardien engagé par le club de chasse et pêche dont mon père était membre. C'était un ex cuisinier de ces camps forestiers. Il nous avait invité a venir casser la croute avec lui une fois. Sa table était encombrée de tartes au sucre qui sortaient du four de son poêle a bois. Lui appelait ça ses tartes a la mousse. SEIGNEUR du bon dieu, je n'avais jamais mangé pareil délice et je n'ai plus jamais mangé aussi bon depuis. Une merveille.  A l'époque, la rivière Péribonka n'était pas harnachée pour l'hydro-électricité. Elle était coupée a plusieurs endroits par des rapides infranchissables en canot et une énorme chûte occupait les lieux ou se trouve le barrage des Passes Dangereuses maintenant. Cela entraînait de nombreux portages dont celui de la chûte qui prenait 3 jours a franchir a pieds avec le stock sur le dos. La vie était diablement différente a cette époque.
C'est en bonne partie dû aux souvenirs de mon père que j'ai tenu a faire moi-même la remontée (suivie de la descente évidemment) de cette rivière. J'ai été surpris car elle demeure vraiment très sauvage, gros rapides en moins disons. Elle est, tout du long, enclavée entre de hautes montagnes qui te donnent l'impression de naviguer dans un fjord. C'est magnifique, tout du long. Je ne suis rendu aux pieds du barrage des Passes Dangereuses. Le portage avec les équipements nautiques dont nous disposions n'était simplement pas envisageable. Chaloupes d'aluminium 16 pieds et moteurs de 50 forces. Non merci pour moi d'avoir ces trucs lèa sur le dos. Mais nous avions un quad qui nous a permis de remonter sur plusieurs kilomètres la rivière Manouane qui se jette a cet endroit dans le Péribonka. La rivière Manouane est une véritable pépinière a orignaux. C'est la que chasse mon ex beau-frère, mon voisin immédiat de chalet. Il tue tous les ans. Il a d'ailleurs été longtemps bûcheron avant d'entrer au moulin a papier.

Je vous montre, sommairement de quoi ça a l'air le Péribonka.

Flèche jaune, no 1, vous êtes pile sur mon chalet. Je ne suis qu'a 5 minutes du Péribonka, alors vous comprendrez que ce fut pendant des années et des années.......mon terrain de jeu.

En rouge, no 2, une petite partie du Péribonka car il se poursuit très haut dans le nord. J'ai oublié de vous annoter la rivière Manouane mais elle se situe au trois quart de la photo dans le haut de celle-ci. Soit presque en ligne avec le bas du lac Pipmuacan. (Je suis d'accord avec vous que le nom de ce lac fait un peu pornographique. ''Pipe moi la canne'' !) Mais la signification autochtone est différente et sans conotation sexuelle!

Et enfin, en bleu poudre, no 3, c'est le lac Tchitogama. En réalité une baie du Péribonka. Cet endroit est superbe. Vous le naviguez tout du long et il se rétrécit sans cesse jusqu'a ce que vous pénétriez dans une toute petite rivière naviguable mais vous demeurez enfermé dans les mêmes hautes montagnes. L'effet est saisissant. Je me souviens qu'il y a la de gigantesques bouleaux jaunes qui n'ont jamais connu la hache des bûcherons. Je n'aurais pas cru que ça puisse devenir aussi immense. Puis, vous arrivez sur un tout petit chalet, complètement isolé, la aux pieds d'une imposante montagne. Le type y a construit un petit débarcadère de rondins car la rivière y demeure profonde jusqu'au bord de son terrain. Vous avez également a votre gauche avant l'étroitesse importante, une petite rivière provenant du sommet des montagnes qui se jette en cascades successives dans le lac Tchitogama. Les locaux y ont accumulé des pierres en différents endroits des cascades permettant de créer des bassins pour s'y baigner au son des chûtes. L'endroit est connu pour être apprécié pour les baignades fesses a l'air de tous les temps.

C'était une vie difficile mais une belle vie...

Une vie ou l'air était sain, ou tu te penchais sur toute flaque d'eau pour t'abreuver sans crainte de t'empoisonner. Les quelques pets des chevaux chargés du transport du bois se perdaient rapidement dans les bonnes odeurs forestières, oui, la vie malgré son âpreté avait un charme que nous ne connaissons plus beaucoup! Nos enfant n'en connaissent presque rien! Nous sommes les derniers des Mohicans!

HUGH

Ainsi va la vie ! Modernisme et progrès paraît-il, personnellement je n'en suis plus du tout convaincu !

Moi si, le progrès a du bon. J'appuie sur un bouton et la température monte tout doucement à 18°. J'appuie sur un bouton et le fauteuil se relève et me dirige vers la table à manger !

Il va finir par te pousser des boutons Jean-Paul!

Hein, des plaies de fauteuil???

Le forestier a écrit:

Hein, des plaies de fauteuil???

Aucun risque, je profite du progrès avec le coussin anti-escarres.

Encore un nouveau mot pour moi...

ESCARRES

Garde le bien en maux inconnus

C'est la Grâce que je me souhaite...

J'aimerais bien mourir en PLEINE SANTÉ

La, je viens de vivre une surprise! Je viens de vous poster le Péribonka et de vous parler de Pierre et Paul Natipi, les autochtones avec lesqquels mon pére a travaillé dans les chantiers du Péribonka lorsqu'il était étudiant.
Ben notre amie et voisine d'Ignace, Doris qui est concierge a l'école, vient de me remettre un bouquin. Ça s'intitule Kukum (qui signifie grand-mère en Innu), c'est écrit par Michel Jean, un Innu de Mashteuiatsh, la réserve autochtone de chez-nous au Lac St-Jean. Au fait, le nom originel du Lac St-Jean, son nom autochtone est Pekuakami.
Le livre raconte la vie réelle d'une blanche ayant épousé un autochtone réel de Mashteuiasth et ayant tout autant épousé la culture autochtone ancestrale. On vit son nomadisme annuel, ses départs tous les ans de Pointe-Bleue en automne afin de gagner leur territoire de chasse en haut des Passes-Dangereuses, sur la rivière Péribonka. On vit avec eux, leur vie de chasseurs trappeurs, leur débrouillardise en forêt, leur connaissance profonde de cette vie. On mange avec eux le fruit de leurs chasses. Paul Natipi est mentionné dans le livre.
J'ai moi-même vu de mes yeux, la petite croix de bois blanche, aux fourches Péribonka/Manouane, qui marque la tombe d'un Siméon, l'un des membres de cette famille réelle que nous suivons tout au long d'une très longue vie.
C'est la toute première fois de ma vie que je comprend vraiment l'impact majeur et destructeur qu'a eu l'arrivée des bûcherons (en fait, bien plutôt celle des papetières et des scieries les grands boss de tout ça!) dans les territoires autochtones. La drave et le flottage du bois sur la Péribonka leur a complètement coupé la route de leur territoire hivernal. Les coupes a blanc pratiquées alors leurs ont retiré leur forêt, leur gibier. La vie, telle qu'ils la connaissaient s'est terminée d'un coup, sans prévenir.

De même j'ignorais complètement que NOS autochtones bien A NOUS, ceux du lac St-Jean, avaient vécu comme tous les autres, le retrait de tous leurs enfants qui sur ordre du gouvernement fédéral ont été dirigés vers les pensionats religieux afin de leur donner une bonne éducation blanche et de langue française. Ils ont été pensionnaires a Fort Georges près de la Baie d'Hudson, le plus loin possible de leurs familles et de leur culture avec interdiction absolue de parler leur langue. Ces enfants, eux aussi, ont vécu les atrocités des abus sexuels auquels les soumettaient les religieux chargés de leur éducation.
Comme le dit la grand-mère, après tous ces coups durs, la réserve soudain vide de tout rire et jeu d'enfants, il devient un peu plus difficile de blâmer l'alcoolisme qui s'est par la suite installé dans la réserve.

J'avoue être bouleversé après la lecture d'une histoire qu'on a pris grand soin de ne jamais nous raconter sous cet angle. Celui des personnes qui l'ont vécu!

J'ai connu l'époque ou, lorsqu'on passait dans la réserve, on faisait de grands yeux lorsqu'on constatait que les maisons que le gouvernement avait fait bâtir pour eux étaient inoccupées car les gens continuaient de vivre dans leurs tentes, plantées près de ces maisons. Il arrivait même que ces gens utilisent le bois des maisons afin de chauffer leur tente l'hiver. J'avoue m'être dit plusieurs fois......mais ils sont complètement fous! Je me trompais.....lourdement.

Tranquille Yves nous a accompagnés avec sa famille a un Pow Wow a Mashteuiatsh. Il a pu voir que les choses sont aujourd'hui bien différentes en surface, mais il demeure de grandes souffrances intérieures. Je tiens tout de même a souligner qu'il y a toujours eu une grande différence entre la façcon dont les français et les anglais ont traité les autochtones. Les Françcais mariaient les femmes autochtones, en vivaient la vie en se faisant coureurs des bois. Pas les anglais. Le Fédéral est le seul gouvernement responsable des affaires indiennes. Le Fédéral a tout fait pour les assimiler (comme il a fait tout ce qu'il a pu pour assimiler les francophones d'ailleurs). Le Fédéral seul en collaboration avec l'église est responsable du retrait des enfants autochtones de leurs familles. Or, le Fédéral, c'est quoi? 9 provinces anglaises et une française. Qui décide au Canada? Pas nous! Pas que je veuille nous dédouaner totalement, nous avons encore nos préjugés au sujet des autochtones. Mais l'inhumanité dont sont capable nos grands amis anglais ne fait pas partie de notre culture.

Si vous avez la chance de mettre la main sur ce bouquin, il ouvre un horizon différent et fichtrement instructif!

Tu m'intéresses
Je viens de le commander

Tu vas BEAUCOUP apprendre sur la vie des autochtones de chez-nous Yves. Tu verras des mentions de Mistook, Mistook est St-Coeur de Marie, le village immédiatement avant l'Ascension. Tu verras la mention de La Pipe. La Pipe est le nom par lequel on désignait le village actuel de St-Henri de Taillon. Je crois que nous nous sommes rendus sur les plages du parc de Pointe-Taillon ensemble. C'est aussi tout près de mon chalet. C'était a l'époque, une pointe ou s'arrêtaient les autochtones et leurs canots en revenant de leurs hivers en forêt pour un petit repos et......fumer une pipe.
Tout ce qui est dit la-dedans est véridique et.....donne un choc au ptit blanc que je suis. Nous ignorions tout ça simplement parce que les autochtones.......ne sont pas des jasants ben ben. J'imagine que la manière dont ils ont été traités par les blancs ne les a guère encouragés a être expansifs envers nous. L'auteur étant lui-même de Mashteuiatsh, écrivain, chef d'antenne et journaliste d'enquête, il était tout désigné pour ouvrir les livres et nous faire voir le bilan.

C'est toujours bon d'avoir plusieurs sons de cloche pour comprendre
Je mettais arrêté à un peuple qui était payé à ne rien faire (*) en échange de la tranquillité et de l'obligation de sédentarité, mais je me doutais bien qu'il y avait du plus complexe la dessous, il me manquait des infos
Hâte de lire tout ça
(*) alcool viol et grosse bagnole
(Confronté à Masteuhiash et Taralyn)

Oui, exactement! Voici l'auteur lui-même, interviewvé sur Kukum!
https://youtu.be/Px4zwvPc1Bg

Voilà de quoi passer quelques bonnes soirées ! Merci Pierre.

Les techniques d'assimilation, les Anglais l'ont fait plusieurs fois dans le monde.

À l'époque de leur apogée, les Anglais étaient très barbares...